L'Apoplexie Méridienne
La Partie Africaine du Voyage au bout de la nuit
Après une halte à Fort Gono, Bardamu s’enfonce par le fleuve dans la forêt pour le compte
de la « compagnie Pordurière » afin d’y tenir un comptoir avancé.
DOSSIER DU SPECTACLE
L'Apoplexie Méridienne
D'après Voyage au bout de la nuit de L.F. Céline
Après avoir réussi à s'échapper de « l'abattoir internationnal en folie » - la guerre de 1914/1918 selon la formule célinienne - Bardamu découvre l'Afrique, ce continent noir de l'imaginaire. L'Afrique de la colonisation et l'Afrique sauvage avec son bruit assourdissant et « son tam tam qui bat toujours trop vite ».
Après une halte à Fort Gono, il s'enfonce par le fleuve dans la forêt pour le compte de « la compagnie Pordurière » afin d'y tenir un comptoir avancé.
Le détour africain est souvent oublié, serré entre la partie de la guerre et la partie Américaine...
Le détour africain permet à Bardamu de s’affranchir de tous les comptes, de ses comptes avec la société Pordurière qui l’emploie en Afrique mais aussi par extension avec la société et enfin ses comptes avec sa mère.
Entre cliché de l’Afrique et visions fantasmagoriques, l’être se perd et se liquéfie sous la chaleur, la fièvre et la pluie. Il entame un retour à l’état primitif.
« À l’inverse du Robinson Crusoë de Defoe, il ne s’agit pas ici de se reconstruire un capital mais au contraire de s’en dessaisir et de le dilapider, de rompre définitivement avec une société qui broie tous les « miteux » de la terre ». [1]
Mise en scène : Chloé Desfachelle
Avec : Antoine Bersoux et Gahé Bama
Création Lumière : Clélia Tournay
[1] Suzanne Lafont
LA PRESSE
« La première partie de ce voyage au bout de la nuit ( ça a débuté comme ça ) avait été une vraie surprise. Nous découvrions une jeune metteuse en scène Chloé Desfachelle, sa passion pour Céline et dans le rôle de Bardamu, un époustouflant Antoine Bersoux qui livrait seul la prose syncopée de l'écrivain génial. C'est dire si l'on avait hâte de découvrir le tome 2, celui qui se déroule en Afrique et dont beaucoup de lecteurs du voyage ont oublié l'existence. Mais voilà : le hic c'est que désormais nous attendons impatiemment le tome 3 (celui de l'Amérique) tant cette Apoplexie méridienne nous a ravis. À un Antoine toujours aussi précis et juste, s'est associé le danseur Gahé Bama, métonymie vivante de l'Afrique. Porté par une scénographie minimaliste mais hautement symbolique d'un continent pillé jusqu'au trognon, le voyage de Bardamu au fond de la forêt africaine - mais aussi de son propre état primitif - fonctionne sur un pouvoir évocatoire extraordinaire. Né lui même de ce face à face en noir et blanc de deux artistes magnifiques, il nous emporte sans effort au delà des frontières et du temps. C'est bon, c'est beau, c'est fort… » Bénédicte Soulas // Le Brigadier - Janvier 2013
Voilà un spectacle qui mériterait d’avoir une longue carrière et que les diffuseurs devraient disputer l’honneur de le programmer.
... La moiteur, les bruits, les musiques, avec « son tam tam qui bat toujours trop vite », la corruption à tous les niveaux de l’échelle sociale.
Gahé Bama, artiste noir a été invité à incarner à lui seul la spécificité du continent noir. Idée de génie. Danseur, chanteur, comédien, il joue également les sorciers et les fantômes. Un vrai partenaire. Bardamu le héros de Céline a échappé aux horaires de la guerre en Europe pour découvrir l’Afrique, ce continent qui attise l’imaginaire et tenir un comptoir avancé pour la compagnie Pordurière. Peu à peu il s’enfonce et se retrouve au même niveau que les noirs, esclave vendu à une galère en partance pour les Etats-Unis.
Tout se joue sur une surface plane, une sorte de miroir laqué noir et trois caisses qui dessinent les différents espaces. On entend la langue de Céline, musclée, rugueuse, tragique, pleine de verve et non dénuée de burlesque. Le duo fonctionne à merveille et prend le spectateur pour ne plus lâcher quand Bardamu part pour les Etats-Unis. On espère que cette Apoplexie méridienne va continuer à porter le verbe de Céline et que bientôt la compagnie nous régalera avec le troisième volet, Bardamu en Amérique.
Marie-Christine Harant / L'artvues 2016
« Plus de linges tendus dans l'obscurité, l'espace est désormais celui, clair, d'un plateau circulaire, d'un miroir et de caisses de bois-au spectateur d'en faire le décor d'une spirale de folie et de mort. Cette fois encore, Antoine Bersoux est Bardamu et tous les autres, en changement de jeu virtuose. Gahé Bama quant à lui est l'emblème de cette Afrique étrangère.
Et le duo fonctionne à merveille, restituant dans un bel équilibre toute la verve et la cruauté de Céline. Et ensuite, l'Amérique ? »
JO Badia // Direct Matin Toulouse - Décembre 2012
« … Le plateau circulaire se reflète au-dessus de la scène, rappelant le ciel d’Afrique où les étoiles paraissent plus proches, enfermant l’acteur, Antoine Bersoux, dans une spirale l’emmenant aux bords de la folie et de la mort. Antoine Bersoux joue en effet Bardamu et les autres personnages, changeant ainsi de corps et les nuances de sa voix avec virtuosité… Le duo fonctionne à merveille, chacun sachant faire apparaître son partenaire quand il faut, avec vie et générosité : toutes les images sont transmises au public et le plateau s’équilibre remarquablement bien par leur deux présences. La compagnie a bien su rendre la verve de Céline, la vouer au plaisir du public présent à cette première. » Morgane Nagir // Le Clou dans la Planche - Un beau voyage - Décembre 2012 >